La traversée du désert

Salut à tous !

Depuis le début de notre road trip, on était restés relativement proches de la civilisation, des villes et des supermarchés. Il était temps pour nous de découvrir l'Outback, l'arrière pays Australien !

En arrivant en Australie, on avait l'image d'un pays sec et aride, avec des pistes de terre rouge interminables, des kangourous et pas grand chose au milieu.Quand on s'est mis en route pour Darwin, on a enfin fait connaissance avec ces paysages qu'on imaginait. Et on a été vraiment dépaysés !

Et c'est aussi là qu'on a commencé à regretter la pluie et le froid ! Et dire qu'on a eu jusqu'à 3 degrés dans le van il y a quelques mois... A présent, il fait entre 35 et 40 degrés dans le van, et les nuits deviennent difficiles. La chaleur amène aussi son cortège de bébêtes sympas : mouches la journée (qui adorent se coller sur le visage), et moustiques la nuit. 
Mais depuis quelques jours, nous sommes équipés ! Insecticide Bushman (le seul qui marche), et un mini ventilateur qui rend nos nuits acceptables. Ouf ! 

Nous en étions restés à Mossman et ses gorges. De Mossman à Darwin, en empruntant la Stuart Highway, il n'y a pas moins de 2 600 kms. Mais cette route fait un détour, elle oblige à descendre vers le sud pour ensuite remonter vers le nord.

Comme nous entendons bien rentabiliser notre super van 4x4, nous avons décidé de suivre un autre itinéraire, bien plus direct, mais constitué presque uniquement de "dirt roads", c'est-à-dire de routes non goudronnées.
Voici l'itinéraire que nous avons choisi de suivre :

-La Savannah Way de Mossman à Normanton (route goudronnée)
-La Gulf Track de Normanton à Burketown (piste)
-Toujours le Gulf Track de Burketown à Borroloola (piste)
-A Borroloola, nous pouvons reprendre la Carpenteria Highway et retrouver du goudron, youhouuuu !



Au total, nous avons parcouru plus de 1 500 kms, à une vitesse de croisière de 80 km/h (beaucoup moins en cas de rivières à traverser ou de troupeaux de vaches !).
Au total, 4 jours de traversée du désert !
 On ignore si on a vraiment gagné du temps par rapport à la route goudronnée normale, mais on a adoré cette expérience. 

On a vu des paysages incroyables (mais souvent bien monotones aussi !), des tas de kangourous (presque tous écrasés sur le bas-côté...), des émeus, des aigles énormes, des vaches par milliers... On a campé au milieu de nulle-part, dans le bush, et on s'est douchés sous les étoiles avec notre petite douche électrique.


On a traversé le Never Never (l'arrière pays trèèèès isolé) où les villages sont distants de 400kms, et où on ne croise parfois personne pendant 2 heures. Dans cette région, il n'y a d'ailleurs pas vraiment de villages, seulement des cattle stations (des fermes) de plusieurs centaines de milliers d'hectares. D'ailleurs, les fermiers sont tous équipés de leur propre avion et /ou hélicoptère, dont ils se servent notamment pour conduire le troupeau dans cette immensité.
Dans le Never Never, pas d'écoles. Les enfants suivent les cours de la School of the Air par téléphone. Pas de docteurs non plus, à part les Flying doctors qui viennent vous chercher en avion en cas d'urgence.
Bien sûr, pas de réseau téléphonique ni d'internet !
Les distances sont hallucinantes, et la région ne connaît que deux saisons : Le Dry où tout est desséché et craquelé (d'Avril à Octobre) et le Wet, la saison des pluies dilluviennes et des orages, de Novembre à Mars.

Quelle différence avec la France, où on hésite à faire 200 kms ! Ici, les habitants font facilement 500 kms pour aller faire leurs courses !
On n'est pas sûrs du tout que l'ont pourrait vivre dans un endroit pareil, mais c'était incroyable à voir !

Assez de blabla, place aux photos !
En quittant Mossman, nous avons traversé les Atherton Tablelands, une région de collines et de verdures, avec des vaches noires et blanches dans les pâturages. On se serait presque cru en Normandie !





Mais très vite, le paysage change. Il fait 35 degrés à l'ombre et tout est brûlé.
Il reste tout de même des arbres, des eucalyptus, et des milliers de termitières. Nous n'en avions jamais vu de si hautes !
La route est droite, monotone et on ne croise qu'un véhicule toutes les 30 mns en moyenne.





On croise quelques émeus aussi !!


Et des vaches, bien sûr !
Ce sont toutes des vaches Brahmans, qui ressemblent à des buffles avec leur bosse sur le dos. Elles ont l'air habitué à la chaleur.




Enfin, après plus de 700 kms (avec un arrêt à Ravenshoe pour dormir), nous arrivons à Normanton. Une rue principale, un pub, une poste et deux stations services, et c'est à peu près tout.
Planquée dans le van pendant que Gildas rempli le réservoir, j'essaye de photographier les locaux tous coiffés du traditionnel chapeau, en grande discussion derrière leur pick-up.



Après une nuit à Normanton non loin d'une rivière malodorante et infestée de crocodiles, on se réveille en sueur dans le van : il fait 42 degrés à l'intérieur !
Vite, nous reprenons la route en direction de Burketown, à 226 kms de là.
Cette fois, le goudron laisse place à une pistes de terre rouge poussiéreuse. Elle est si étroite qu'on doit se ranger sur le bas-côté chaque fois que l'on croise un road train, ces camions de plusieurs dizaines de mètres de long qui transportent essence ou bétail à une allure folle.

On rencontre aussi quelques troupeaux menés par d'authentiques cow-boys.














Des centaines de termitières donnent au paysage l'allure d'un champ de sépultures.


De l'eau ! De l'eau !



Une fois arrivés à Burketown, nous nous rendons au centre d'information pour connaître l'état de la piste qui mène à Borroloola. C'est la grosse partie de notre périple, car cette piste est bien moins entretenue que la précédente, et il y a plusieurs rivières à traverser.
Ces rivières nous inquiètent un peu, car on ignore si Boumbo sera assez haut sur roues pour les traverser. Au centre d'information, le type nous dit qu'on ne passera pas, mais qu'on peut quand même essayer et, au pire, prendre une autre piste plus longue mais mieux entretenue.
OK, c'est parti !

En effet, la piste est en moins bon état ici. Pas de trous ni de bosses, mais une surface semblable à de la tôle ondulée qui fait vibrer le van sans arrêt, c'est assez pénible. En roulant à 80km/h, on sent moins les vibrations.
Première "ville" sur le chemin, Doomadjee. Il s'agit en fait d'une Roadhouse : une station service - hôtel - restaurant au milieu de nulle part. Ils cherchent des gens pour y travailler. Intéressés ? Euh... Non merci !



A 80kms de là, une autre Roadhouse, Hell's Gate ("Les portes de l'Enfer"... Sympa !). Et là, c'est en effet l'enfer pour nous, car on s'aperçoit qu'ils ne prennent pas les cartes de crédit.
On pensait avoir pensé à tout : 50 litres d'eau, 2 jerrycans d'essence, des provisions de nourriture, mais pas de liquide ! 
L'essence est à un prix exorbitant, 1,99 $/litre, au lieu de 1,30 habituellement !
Il nous reste 25 dollars, soit assez pour 12 litres d'essence. Avec ce qu'il nous reste dans le réservoir et nos 2 jerrycans, on a une soixantaine de litres d'essence, soit assez pour rouler 400kms.
Si on prend la route la plus directe, avec les fameuses rivières, c'est bon. Mais pour l'itinéraire bis, sans les rivières, on n'a pas assez !!
Deux solutions : Faire 160kms pour retourner faire le plein à Doomadgee, ou tenter le coup.
On est téméraires, on se dit qu'on va tenter le passage des rivières ! Si ça ne marche pas, on fera 300 kms dans l'autre sens jusqu'à Doomadgee...





Pas question de dormir à Hell's Gate, le camping coûte 20 dollars la nuit et on n'a plus une seule pièce !
Quelques kilomètres plus loin, on trouve un endroit parfait pour camper, et on admire le coucher de soleil derrière ces magnifiques rochers.




Le lendemain, c'est reparti !
On passe enfin la frontière. Bye Bye Queensland !  Nous voici dans le Territoire du Nord !





 Dans le Territoire du Nord, on n'a pas le droit d'amener : de l'alcool, de la pornographie, et des tiques !

Et on arrive à ces fameuses rivières, Colvert Creek et Surprise Creek.
Je descends sonder l'eau à pied, j'en ai jusqu'aux genoux, ça devrait aller. Gildas traverse les rivières sans problème, yes ! Et ouf, car on ne se voyait pas repartir en arrière après tous ces kilomètres !







Enfin, après 522 kms de piste, nous arrivons à Borroloola.
Nous qui nous attendions à une petite ville, où on pourrait faire quelques courses, on est bien déçus. C'est un bled désolé de 120 habitants, avec un seul magasin qui fait Station service, Superette, restaurant, Hotel et Mécanicien...  On mange un hamburger super gras servi par un type désagréable au possible, et on repart aussitôt !


A 110 kms de là, on s'arrête à une autre Roadhouse, le Heartbreak Hotel.
Le camping est à 16 dollars, trop cher pour nous ! On se retrouve donc un petit emplacement sympa dans le bush où passer la nuit, et on se reprend une douche sous les étoiles. Le camping dans le bush, c'est génial !! (Mais pas trop longtemps quand même, hein...)



Le lendemain, un petit arrêt à Daly Waters, une "ville" de 26 habitants,  connue pour son pub mythique qui vaut effectivement le détour ! On y trouve de tout suspendu aux murs : Billets de banque, tongs, culottes, cartes d'identité... Tout le monde peut laisser une trace de son passage !
Nous, on n'a que le strict minimum, et rien à accrocher aux murs, mais on commande un bon burger au barramundi, le poisson local, et on le savoure sur la terrasse ombragée. Ca revigore !







Après cette petite escale, on reprend la route, mais on décide d'aller se rafraîchir dans la source thermale de Mataranka, à 160 kms de là. L'eau est chaude, mais ça fait tout de même du bien, avec cette chaleur tropicale.


On dort sur une air d'autoroute près de la ville de Katherine, puis on se met en route le lendemain pour notre dernière étape : Pine Creek, la porte d'entrée pour le parc national de Kakadu.
Avant d'arriver à Darwin, on va visiter ce parc mythique, le plus vaste d'Australie.
Mais avant, un bon repos bien mérité à Pine Creek.
Pour fêter la fin de notre épopée dans l'Outback, nous nous payons un camping, luxe suprême, et nous pouvons même, oh joie, laver notre linge et prendre une vraie douche (et je peux enfin me laver les cheveux, hourra !)

A coté de nos voisins de camping, on fait triste figure. Les Australiens adorent voyager dans leur propre pays, et certains sont équipés de véhicules impressionnants, avec climatisation, machine à laver etc... Remarquez la remorque à l'arrière avec le 4X4 ! Certains ont même le bateau sur le toit !
On a donc passé la nuit à s'éventer avec un dépliant en écoutant la clim' de notre voisin vrombir. Pfff !




Prochaine étape avant Darwin et prochain article avec plein de photos : le Kakadu National Park !

On vous embrasse tous très fort !
On pense bien à vous !








Aux environs de Cairns : Cape Tribulation et Mossman

Hello tout le monde !

Lors de notre séjour super sympa à Cairns, alors qu'on participait à un cours gratuit de Zumba en plein air (Une sorte de gym-danse très entraînante), on est retombés sur Josh et Alana, un couple qu'on avait rencontré sur le bateau dans les Whitsunday Islands.  A l'époque, on n'avait pas pu trop faire connaissance, on était trop occupés à essayer de contenir notre mal de mer. Mais quand ils nous ont vu gesticuler au son du Zumba sur l'Esplanade de Cairns (le ridicule ne tue pas), ils sont venus nous taper sur l'épaule.
Du coup, on a été se passer une bonne soirée au pub. Ca faisait du bien de voir des gens, de discuter et de rigoler !



Depuis, on n'a pas arrêté de se recroiser, de faire des trucs ensemble, et la preuve c'est qu'ils sont à Darwin eux aussi en ce moment et qu'on partage le même parking la nuit !

Donc, après Cairns, Josh et Alana sont partis visiter Cape Tribulation.
Cape Tribulation, c'est à 110kms au nord de Cairns, dans le Daintree National Park. C'est l'endroit où, selon tous les dépliants touristiques et selon notre bible Lonely Planet, "la forêt humide rencontre la grande barrière de corail". Deux merveilles naturelles qui permettent à Cape Tribulation de faire partie de la zone du "Wet Tropics World Heritage" et d'être protégé à ce titre.

On s'est donc dit : on se retrouve à Cape Trib' !

Le matin de notre départ de Cairns, nous allons voir un mécano amateur indiqué par un couple d'allemands (bon plan, deux fois moins cher qu'un garage) pour faire une petite vidange à Boumbo.
Puis nous prenons la direction de Cape Tribulation.
On roule, on prend un ferry pour traverser la Daintree River, on re-roule, il fait déjà presque nuit. Là, on se rend vite compte qu'on a laissé la technologie loin derrière nous : plus d'internet, plus de téléphone... Ce sera dur de se retrouver à Cape Trib', les amis ! Malgré le panneau que Josh et Alana ont dessiné au bord de la route pour nous indiquer leur position, nous n'arrivons pas à les trouver, et nous passons la nuit à Cape Tribulation Beach ("Kulki", en version aborigène). La nuit au milieu de la jungle met nos nerfs à rudes épreuves, avec des centaines de moustiques et des cris d'animaux bien étranges. On ose à peine sortir du van. Au matin, il s'avère que ces cris de chats qu'on égorge, ce sont en fait des sortes de petites poules mignonnes. La honte !



La plage de Kulki est bien jolie, la forêt tropicale semble en effet se jeter directement dans la mer. Il fait chaud, l'eau semble rafraîchissante, mais les panneaux nous coupent dans notre élan. On voit quand même plusieurs courageux qui se baignent, mais on préfère rester sur le sable. On tient trop à nos jambes !







Comme on ne peut pas se baigner, on se lance dans de nouvelles activités :

On crée des oeuvres artistiques...



...On se prend pour des aborigènes en jouant du didgeridoo. Ah non, mince, c'est un tuyau !


... Et surtout on va sur la plage de Cow Beach prendre des dizaines de photos débiles qui nous amusent bien. Avouez qu'on a du talent, non ? Non ??? Bon, OK, il faut les regarder de loin. Et être indulgent.  On n'a pas la télé, nous ! Ni internet ! Et on a fini tous nos bouquins ! Alors on s'amuse comme on peut, hein !!







...On s'essaye aussi à la traversée de rivières sur les Bloomfield Tracks, une route accidentée réservée aux 4WD qui relie Cape Tribulation à Cooktown. Impossible de dépasser les 20km/h, on laisse tomber et on rebrousse chemin au bout de 15 mn ! Tant pis pour Cooktown !


 Le deuxième soir, alors qu'on a trouvé un "camping " avec des toilettes qui puent pleines de mouches et qu'on se fait attaquer par des moustiques sanguinaires, on décide que c'est trop roots pour nous, et on reprend le ferry direct pour retrouver la civilisation.



 On décide ensuite de se rendre à Mossman pour aller visiter des gorges le lendemain. Une fois à Mossman, alors qu'on cherche un endroit pour dormir, un Australien bizarre vient nous avertir que c'est jour de fête, que tous les aborigènes du coin sont saouls et vont s'en prendre à nous si on reste ici... Bizarre bizarre... Et pas très rassurant. Doit-on croire ce type ? Bip bip ! Ca tombe bien, on a reçu un texto de Josh qui a trouvé un camping gratuit pas loin, à Mount Molloy. Il y a même des douches, luxe suprême (froides, il ne faut quand même pas rêver). Cool ! On va les rejoindre. (En discutant plus tard avec nos amis, il s'avère que c'est en effet jour de fête et que tout le monde est saoul à Mossman, mieux vaut ne pas traîner dans les rues la nuit. On est bien contents d'être partis !)

Le lendemain, Josh et Alana mettent le cap sur Innot et ses sources chaudes. Quand à nous, nous allons visiter la fameuse Mossman Gorge
On se dit au revoir, "See you", en espérant les revoir plus tard (et on les recroisera à plusieurs reprises dans le futur, vous verrez !)

En tous cas, la Mossman Gorge, c'est magnifique. Une eau transparente couleur émeraude, des torrents sauvages, des trous d'eau sans crocos où on peut se baigner, des arbres immenses et sinueux...
On vous laisse admirer ça avec ces quelques photos :


Gildas sur le pont suspendu. Ca bouuuuuge !!








 Quelle journée rafraîchissante ! 

Mais maintenant, il est temps de mettre le cap sur l'Ouest et ses terres brûlées et désertiques, ses pistes rouges peuplées uniquement de kangourous et de vaches. Nous allons enfin découvrir l'Outback (l'arrière pays australien) ! Direction Darwin et ses 35° toute l'année, à quelques 2 600 kms de là.
Et vous verrez que ça n'a rien à voir avec tout ce qu'on a pu voir jusqu'à présent.
On espère que le prochain article va vous dépayser comme ça a été le cas pour nous. 
A plus !!
On vous embrasse fort !